Après avoir initié et mis en oeuvre en 2008 le premier site de compost partagé en pied d'immeuble à Paris, je suis devenu Maître-Composteur et, fort de cette expérience et de celle de mon activité professionnelle de consultant-formateur en développement durable, j'ai accompagné et formé au compostage de proximité pendant prés de 15 ans. J'ai rejoint fin 2022 le réseau Compost In Situ en tant que coordinateur national pour développer sa notoriété jusqu'en mars 2024.

mercredi 29 avril 2009

L'expérience du 107





Nous sommes tous des Composteurs  (texte initialement écrit au lendemain de l'inauguration)
Quand certains pensent à l’Elysée en se rasant, moi je pense au compost en épluchant. Combien de fois ne me suis-je pas dit que c’était bien dommage que mes épluchures (30 % du poids de nos poubelles) finissent dans la poubelle traditionnelle, et donc in fine incinérées, alors qu’elles pourraient être dégradées biologiquement sur place.

Mais c’est vrai qu’en ville, faire du compost est tout de même moins pratique qu’à la campagne où il suffit de faire un tas au fond de son jardin. J’avais ainsi commencé un compost rudimentaire sur mon balcon mais quand le pot aux roses fut découvert par ma femme … je fus prié d’aller faire mes expériences ailleurs !

C’est fort de ces constats, expériences et de quelques recherches que j’ai proposé à l’amicale des locataires de mon immeuble, à mon bailleur l’Opac de Paris (rebaptisée depuis Paris Habitat) et à la Mairie du 12ème arrondissement de Paris de lancer dans ma résidence de 600 logements, qui a la chance de comprendre des espaces verts fournis, une opération expérimentale de «compost collectif d’immeuble» à l’instar de ce qui se fait déjà par exemple avec succès à Rennes depuis 2006.

L’association des locataires fut partante dès le premier jour. L’OPAC de Paris, fut un peu sourd d’oreille au départ de la sollicitation, ce qui me surpris d’autant plus qu’il avait lancé en grande pompe une charte développement durable qui prévoyait ce type de réalisation …mais la Mairie du 12ème fut un entremetteur efficace et nous voici enfin, après un an de gestation (définition du cahier des charges, validation des conditions, recrutement des volontaires, obtention du financement - entièrement pris en charge par l’Opac devenu un véritable partenaire moteur du projet ! – à sa réalisation concrète.

Hier, c’était donc le grand soir ! Après avoir quelque peu sué pour bêcher l’espace qui allait accueillir les composteurs, ces derniers étaient installés et vint l’heure tant attendue de la distribution du matériel et de la formation des 30 volontaires.

C’est peu dire que cette réunion de formation in situ fut aussi un moment de convivialité. Nous avons fait connaissance entre nous et de nouveaux amis nous ont été présentés (larves de coccinelles, scarabés, …). Les enfants se sont fait un jeu d’aller récupérer des déchets secs (feuilles, brindilles, …) dans le jardin pour tapisser le fond de nos containers avant sa première utilisation. Et surtout nous nous sommes déjà promis de nous réunir en septembre autour de nos composteurs pour partager nos expériences … et un verre (pas de terre celui-là).

J’ai cru comprendre que dés leur repas du soir terminé certains n’avaient pu attendre et ont couru y amener leur premiers déchets organiques ; aujourd’hui dès potron minet j’ai croisé une autre volontaire qui amenait, elle, des fleurs fanées, … Et depuis ce matin, la rumeur enfle et j’ai déjà distribué 5 bio-seaux bio-seaux à de nouveaux « Composteurs du 107 » ! … On prête au compost des vertus de fertilisation du sol … peut-être aussi de lien social.
 
Mise à jour juin 2017

En cet été 2017, après 9 de fonctionnement, les participants ont plus que triplé ! Chacun a sa bonne raison de composter : la minimisation des déchets à traiter par la collectivité et in fine de ses pollutions induites (transports, rejets, …), la pédagogie de l’éco-système parfait qui plait aux enfants ou plus surprenant peut-être le lien social créé par cette expérimentation, une belle cerise sur le gâteau de cette histoire collective partagée.

Ce sont aujourd’hui 80 foyers de l'immeuble qui transforment ainsi chaque année l’équivalent de 8 tonnes de déchets organiques en un compost de qualité qui est utilisé pour les plantes de balcon mais surtout pour amender le sol d'un jardin partagé de quarante parcelles individuelles que les « composteurs » ont créé en 2010 pour boucler la boucle. Des parcelles collectives (fruits rouges, pommes de terre) et quelques fruitiers (cerisier, pécher, figuier, pommiers et plats de vigne) ont également été plantées au cours des années.

En 2010 un rucher a également été créé. La mise en pot collective du Miel du 107 (jusqu’à une quarantaine de kg par an) est un grand moment attendu chaque année en septembre.

En 2013 nous avons installé le premier poulailler en pied d’immeuble à Paris, nous avons désormais 5 poules dont s’occupent à tour de rôle 12 familles.

En 2015 les jardiniers du 107 ont créé un deuxième jardin dans un ancien bassin désaffecté. Le jardin Sanzeau est une culture en « lasagnes » hors-sol dans lequel ont été plantées des variétés anciennes de légumes d’Ile de France et des plantes sauvages endémiques.

Et comme un nouveau projet est toujours en cours de gestation, c’est une mare qui est actuellement en construction.

Les participants du jardin Santerre se retrouvent régulièrement pour des moments de convivialité : après les travaux collectifs du dimanche, lors de la fête du jardin en juin, pour la soupe collective au cours de l’hiverou ou encore pour déguster les patates nouvelles du jardin.

Le Jardin a été lauréat en 2014 de la promotion Paris Durable et fait régulièrement l’objet de reportages dans les medias en tant que vitrine et laboratoire d’écologie et d’agriculture urbaine.

http://jardinsanterre.blogspot.fr/

2 commentaires:

  1. J'ai bien apprécié votre démarche pour que tout le monde puisse composter surtout en ville. C'est plus facile pour moi qui suis en campagne et depuis toujours nous avons aussi éduqué nos enfants cela est devenue naturel.Merci de tant vous impliquer pour cette bonne PLANETE.

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  2. roulet.elisabeth@wanadoo.fr
    BRAVO A VOUS.DEPUIS 30 ANS SUR ALBERTVILLE EN SAVOIE QUELQUES ECOLOS DONT MON MARI ESSAYAIENT EN VAIN DE FAIRE ADOPTER LE COMPOSTAGE.MON MARI ELU VERT A PU FAIRE FERMER LE FOUR D'INCINERATION POLLUANT DE GILLY...
    DE 1995 A 2001 IL RECLAMAIT SANS SUCCES DU CONCRET.
    LE COMPOSTAGE EN IMMEUBLES EST POSSIBLE.

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